Selon le banquier, professeur de finance et chroniqueur marocain Omar Fassal, il est impossible de retrouver, dans l’histoire de l’humanité, des traces d’une quelconque forme d’économie financière, sans y trouver également de nombreux indices de fraude. Dans le livre Une histoire de la fraude financière, qu’il a fait paraître au printemps 2016, l’auteur marocain va même plus loin en affirmant que c’est en fait grâce aux fraudes si nos systèmes financiers ont pu continuer d’évoluer constamment. Selon la thèse qu’il développe dans son livre, les fraudes génèrent de la violence, et c’est justement parce que nos sociétés civiles rejettent cette violence qu’apparaissent toujours les efforts de règlementation des marchés. En rendant impossible toute forme de statut quo, la fraude se serait donc ironiquement transformée, à travers les âges, en un moteur d’innovation.
Dans son ouvrage, Fassal s’intéresse autant aux tout premiers cas de fraudes qui ont été recensés qu’à ceux qui ont marqué l’histoire. Il en profite aussi pour démontrer que les autorités de toutes les époques se sont toujours montrées impitoyables envers les fraudeurs. Pour cela, il se réfère notamment au Code d’Hammurabi – le texte juridique le plus ancien que l’on connaisse -, qui a été écrit en 1750 avant notre ère et qui condamnait déjà les pratiques frauduleuses, de même qu’aux nombreuses condamnations à mort qui ont marqué l’histoire.
Bien que l’on ait depuis longtemps abandonné ce genre de châtiment, l’auteur soutient qu’il est faux d’affirmer que nos sociétés modernes se montrent plus tolérantes qu’avant envers les artisans de crimes financiers. Mais voilà : les fraudes sont de plus en plus complexes, et il est de plus en plus difficile de séparer clairement ce qui est une fraude de ce qui ne l’est pas. Il ajoute que beaucoup de prétendus fraudeurs opèrent maintenant à l’intérieur de zones grises, qui sont surtout répréhensibles d’un point de vue moral. Il pense notamment à la pratique de l’évasion fiscale, qu’il est difficile de combattre sans régulateur capable de transcender les frontières.
À travers un prochain ouvrage, Omar Fassal se promet d’examiner l’impact de telles pratiques sur l’évolution du système financier, un exercice qui pourrait bien se révéler aussi passionnant que celui-ci.
Fassal, Omar. 2016. Une histoire de la fraude financière. Montréal : Éditions Liber. 226 p.